Voir l’Europe depuis l’est change nos perspectives, invite à reconsidérer certaines visions stéréotypées de notre continent. Je recherche cet enrichissement du regard, cette redécouverte d’une histoire que je croyais connaître. Alors Une si longue absence avait tout pour me plaire : un acte de fraternité dans le secret des montagnes albanaises en pleine Grande Guerre. Si j’ai appris des choses intéressantes dans ce court roman, les qualités littéraires m’auront cruellement manquées.
André Ordiani, une colonel français, a combattu durant la première guerre mondiale dans les Balkans. Un jour, avec son régiment, il trouve les corps congelés d’une patrouille austro-hongroise. Ils sont leurs ennemis, la guerre fait rage sur tout le continent. Mais cette fois c’est le froid, et non les balles, qui a fauché ces hommes. Le général français décide de les enterrer, de leur offrir sépulture et honneur. L’espace d’un instant les haines de la guerre s’apaisent pour laisser la place à un pur geste d’humanité. Dix ans plus tard, un couple autrichien vient le trouver. Ils cherchent la dépouille de leur fils mort au combat et lui seul peut les conduire sur sa sépulture. C’est l’occasion pour le colonel de revenir sur les terres où il a vu tant de sang couler, de revoir certains des visages qui ont marqué cette période trouble.
A travers ce roman, l’auteur entend rendre hommage à un homme passé sous les radar de l’histoire, un de ceux qui savent insuffler quelques étincelles de fraternité au cœur du chaos. De retour en Albanie, André Ordiani se remémore ses souvenirs, les combats où il a perdu tant d’amis. Il retrouve certains des hommes qui ont partagé son calvaire. En se passant sur les lettres véritables du colonel, l’auteur nous propose un texte truffé de références historiques et d’anecdotes, un roman très ancré dans une époque et un lieu donné.
L’auteur n’a pas su faire de la littérature de sa belle idée et je le regrette tellement. Cet hommage à un homme admirable n’est pas su m’émouvoir faute de style. L’écriture est laborieuse et hachée. La narration, entrecoupée d’anecdotes de combats, repose sur une construction maladroite qui laisse le lecteur extérieur à l’intrigue. Certaines scènes m’ont même semblé incohérentes et jamais je n’ai pu me laisser emporter.
Ce roman à le mérite de rendre hommage à un homme d’une grande humanité et de raconter une guerre d’un angle peu mis en avant de ce côté-ci de l’Europe. Mais si je suis contente d’avoir croisé la route du colonel Ordiani et d’avoir entraperçu les réalités de la grande guerre depuis les montagnes albanaises, je ne recommanderai pas forcément ce livre trop peu littéraire pour moi.
Votre commentaire