Mathieu Palain a le même âge que moi et les mêmes obsessions. La prison, l’enfance en danger et maintenant les violences conjugales, il explore des thèmes qui n’impactent fort avec sincérité et son écriture directe. » Nos pères, nos frères, nos amis » fait suite à un podcast diffusé sur France Culture intitulé « Des hommes violents ». L’auteur prolonge ici son enquête et sa réflexion en récoltant de nouveaux témoignages.

Mathieu Palain a fréquenté des groupes de parole, a rencontré des hommes violents et leurs victimes mais aussi des professionnels du monde judiciaire. Il a écouté des témoignages et s’est immergé dans des histoire d’une grande puissance. Il nous propose un ouvrage en immersion dans un sujet très actuel et paradoxalement assez tabou.

Entendre la voix des hommes violents m’a fortement impactée. J’ai lu fascinée et horrifiée les mots des bourreaux, leurs excuses et leurs tentatives de victimisation. La violence engendre la violence et les stéréotypes ont la vie dure. Elle traverse les classes sociales. Plus secrète dans les jolis pavillons et plus sensationnelle en banlieue mais toujours aussi destructive et insidieuse. De la misogynie crasse à la colère froide de l’homme possessif, les profils sont divers mais le mal bien présent dans beaucoup des mécanismes de pensées des hommes. Peu reconnaissent leur violence et acceptent de regarder en face leurs actes. Ils nient, minimisent ou oublient carrément.

En donnant la parole aux hommes violents et en tentant de comprendre comment cette violence perdure encore, Mathieu Palain nous propose un ouvrage fort et porteur de pistes de réflexions. En rencontrant des professionnels habitués à intervenir sur des situations de ce genre, il laisse la porte ouverte à de possibles solutions. Mais le constat reste très sombre car peu de plaintes et peu d’hommes prêts à reconnaître leur tort.

Porté par l’écriture directe et fluide de son auteur, ce livre se lit d’une traite. J’en suis sortie profondément secoué et avec une sensation de malaise qui a duré plusieurs jours. Écouter ces voix là nous rappelle qu’elle existe, que ces discours là circulent et ont la vie dure. Mais c’est aussi regarder en face une violence presque banale commise parfois par les hommes les plus proches de nous.

Percutant, oui, essentiel, je le crois vraiment.