Parler des horreurs du monde par le prisme de la littérature est souvent très impactant, d’autant plus quand cette littérature est à destination des adolescents. Délivrance met en lumière un réalité sordide et peu connue, les usines à bébés au Nigéria.
Jasmina a quatorze ans quand son père la vend à deux hommes. Ces derniers promettent de lui donner du travail. La famille vivant de la misère la plus absolue, le père n’a pas le choix. Ce travail, c’est la prostitution. Jasmina bascule dans un monde où elle n’est qu’un corps, qu’une proie. Quand une grossesse se déclare, un autre business se profile…
Jasmina raconte son histoire à une infirmière, progressivement elle revient sur les sévices qu’elle a subit et ce qui l’a mener devant cette femme en blanc. Des chambres sordides du bordel jusqu’à la prison où des dizaines de femmes enceintes sont retenues en attendant leur accouchement, nous suivons l’adolescente dans sa traversée de l’enfer. Le trafic d’être humain est un fléau au Nigéria, la troisième activité criminelle dans la pays et régulièrement des « Baby factories » sont démantelés.
L’écriture est fluide, poétique et nous emporte. Malgré les sujets extrêmement douloureux abordés, la lecture reste accessible aux adolescents. L’autrice suggère les sévices, ménage des silences pour dire l’horreur sans rendre le récit insoutenable. On est saisi d’effroi et de colère mais sans jamais plonger dans des abysses de noirceur qui pourraient heurter les plus sensibles. En cela, l’autrice ne manque pas sa cible et s’adresse avec justesse aux adolescents. La collection « Rester vivant » des éditions Le Muscadier entend parler des problèmes du monde aux adolescents et préadolescents sans détour afin d’éveiller les consciences. Pari réussi avec Délivrance qui ne manquera pas d’impacter les plus jeunes et de leur ouvrir les yeux sur les horreurs que subissent les femmes de l’autre coté du monde.
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