Voici un roman que je n’ai presque pas vu chroniqué et qui pourtant mérite le détour. C’est un de ces livres inclassable et jubilatoire. Drôle, bien construit et original, L’os de Lebowski est un roman parfait pour l’été où il est question d’un chien plus proche de la peluche que du canidé et d’un jardinier sarcastique.

Jim est embauché par les Loubert pour réaliser un potager dans le vaste parc de leur demeure. Lui est présentateur télé et elle professeur d’économie. Ils vivent dans un univers luxueux et ordonné et se prennent désormais des envies de légumes du jardin et de retour à la nature. Jim est toujours accompagné de son chien Lebowski lorsqu’il se rend sur un chantier. C’est pas lui que tout commence. Jim voit se craqueler le verni si lisse de la famille et disparaître mystérieusement.

Que ce soit pour se mettre avantageusement en scène , ou bien au contraire pour mettre en scène sa discrétion, sa différence, il s’agissait toujours de se distinguer, de briller par son absence , d’exister coûte que coûte . Imaginant la surface de la piscine comme celle d’un océan, j’y projetais des milliards de minuscules êtres agitants leurs bras Ils veulent, nous voulons tous être sauvés de ce que nous considérons comme une noyade : l’anonymat.

Le roman est construit de manière astucieuse. Nous avons d’une part les cahiers de Jim, sortes de journaux intimes, et de l’autre l’enquête menée par la juge Carole Tomasi. Jim manie aussi bien la langue que le râteau et pose un regard satirique sur ce qui l’entoure. Il est très souvent drôle car extrêmement lucide sur les travers de ses employeurs et , plus largement, de notre époque. L’enquête est bien construite et réserve pas mal de surprises. Les rebondissements sont nombreux, le livre se lit tout seul.

C’est une régal de lecture. Entre humour et mystère, le texte nous accroche et nous embarque. Le style est caustique et met en évidence les rapports de classe. La condescendance des Loubet et leur sentiment de supériorité sont moqués avec finesse. Il est fait mention du confinement et du coronavirus au détour de conversations. C’est la première fois que je trouve cela dans un livre mais ce n’est pas le cœur du récit, juste un phrase au passage comme on en dit très régulièrement entre nous. Cela ancre le récit dans notre temporalité et crée un sentiment de proximité avec le lecteur.

Le vendeur m’a fait tout un article sur les mérites du golden retriever, l’ami des enfants. Je ne lui avais pas répondu que je n’avais pas d’enfant , ni que si j’en avais, je n’aurais pas besoin d’acheter un chien. Ni que si j’aimais vraiment les chiens, j’irais en délivrer un à la SPA . Ni que si j’aimais vraiment les goldens, j’en chercherais un dans un élevage digne de ce nom et pas dans un supermarché où on peut acheter un chien comme un paquet de rouleaux de Sopalin.

Oscillant entre comédie, critique sociale et roman noir, n’hésitez pas à découvrir ce roman complètement atypique.