Quand un auteur nous secoue très fort, on en redemande. Après le choc causé par « La dernière maison avant les bois », je ne pouvais que me précipiter sur le nouveau roman de Catriona Ward. Encore une fois, elle a su m’embarquer dans un genre que je lis peu, et ce grâce à une narration addictive.

Wilder, un adolescent mal dans sa peau, passe un été sur les côtes du Maine. Le temps des vacances, il se lie avec Harper et Nathaniel, un duo d’amis avec qui il partage aventures et secrets. Dans ce paysage de cartes postales, des rumeurs courent. On évoque des femmes noyées jamais retrouvées, et un homme qui s’introduit la nuit au chevet des enfants. Cet été marquera Wilder plus qu’il ne le pensait et aura des répliques sur toute sa vie d’adulte. À l’aube de sa vie, il lutte pour tenter de raconter ce qu’il a vécu.

Catriona Ward joue sur les temporalités et sur les points de vue pour brouiller les pistes. Le récit des événements se mêle avec celui qu’en fait Wilder devenu adulte et les différentes subjectivités se confrontent. L’autrice déploie son labyrinthe autour du lecteur et joue avec lui. Elle maîtrise sa narration d’un bout à l’autre du roman, malgré sa complexité.

À travers son roman, elle questionne le processus d’écriture et les mécanismes de la fiction. Elle entretient le flou et le lecteur ne sait plus s’il doit faire confiance au narrateur ou non. Nous avançons dans l »intrigue, méfiants mais fascinés. Elle parle aussi de trahisons, de traumatismes d’enfance, de deuil et de folie. La question de la mémoire et de ses limites est omniprésente dans le roman.

Mirror Bay raconte l’histoire d’un deuil impossible, d’une tristesse sans fin, tout en entrainant le lecteur dans un vaste jeu de métafiction. Fascinant !