Après le prix Goncourt des lycéens, Djaili Amadou Amal revient avec un roman tout aussi fort. Elle nous entraine un nouvelle fois dans l’extrême nord du Cameroun, cette région qu’elle connait si bien. Après nous avoir emmené auprès des femmes des riches propriétaires, elle nous invite à tourner le regard vers les domestiques. Un roman puissant.
Faydé a quinze ans et vit dans un petit village frappé de plein fouet par la sécheresse. La menace de la secte de Boko Haram plane et l’argent manque. Pour aider sa mère ainsi que ses frères et sœurs plus jeunes, elle part à Maroua pour y travailler. Là bas, elle retrouve Srafata et Bintou, deux jeunes femmes de son village qui ont fait le même choix. Grâce à leur aide précieuse, elle trouve une bonne place dans une propriété et apprend les règles tacites des domestiques. Elle découvre la vie fastueuse mais cachée des grandes maisons. Entre les trois épouses et les nombreuses tâches qui lui incombent, Faydé ne cesse d’être sollicité. Mais l’argent rentre et elle commence à trouver sa place. Cependant le regard des hommes et le mépris de classe peut faire basculer le peu d’espoir qu’elle garde.
Avec ce roman, Djaili Amadou Amal élargit la vocal sur cette société déjà décrite dans son précédent roman. Elle donne une voix à celles qui rasent les murs et qui travaillent dans l’ombre en faisant tout pour ne pas se faire remarquer. L’autrice nous raconte la vie harassante des domestiques, leur humiliations quotidiennes et leur rare moment de plaisirs. une forme d’entraide se crée entre elles mais reste précaire. Quand il est question de survie, les amitié peuvent être éphémères.
Aux injustices faites aux femmes, s’ajoutent celles de classe. Alors que l’ombre de Boco Haram plane et que le changement climatique impact avec violence les petits villages, les femmes pauvres portent avec encore plus de difficultés cette double discrimination. Faydé et ses amis doivent lutter contre des préjugés et des violence multiples. Traditions ancestrales, abus sexuelles, prostitution, les pièges sont nombreux et beaucoup y tombent. Alors qu’il est question de survie survient l’amour. Impossible à assumer car amour interdit, Faydé doit lutter contre elle-même.
Une belle réussite que ce second roman et une autrice à la voix nécessaire.
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