Parfois, un livre se glisse entre vos mains au moment opportun. Une histoire vient vous parler avec un force presque magique quand vous en avez le plus besoin. A ce moment là, les mots fouillent les plaies pour mieux les aider à cicatriser. L’enfant thérapeute est de ces livres pansements, de ces livres qui soignent. Je l’ai lu avec des creux dans le ventre et les larmes aux bords des yeux.
Le narrateur, Samuel, a grandi auprès d’une mère brisée, une mère à qui on a volé l’enfance. Son histoire elle ne peut pas la raconter mais elle en porte encore la marque dans son corps et dans son âme. Elle projette ses angoisses et ses troubles sur Thaïs, sa fille. Anorexique et tourmentée, elle est le centre d’attention de sa mère, éclipsant complètement Samuel. N’ayant pas sa place auprès des deux femmes, il les fuit et tente de se construire loin de leur relation toxique. Quand sa mère parvient enfin à mettre des mots sur sa propre enfance, il peut emprunter la voie du pardon.
Par une écriture d’une incroyable sensibilité, Samuel Dock fouille les liens et les tensions qui animent sa famille. Il en explique les dysfonctionnements, les déséquilibres et les violences. Samuel doit renoncer à sauver les siens et cela lui coûte. Devenu psychologue, il en aide d’autres qu’elles et il tente aussi de s’aider lui-même. Le récit de l’enfance de sa mère nous plonge dans un gouffre de douleur. Elle a subi la violence et la négligence, elle a tenté de devenir une mère sur les ruines d’une enfance. Sous la mère hostile se cache une enfants détruite.
J’apprendrais une leçon qui ne me quitterait jamais : la violence n’est pas une personne, pas un trait de personnalité, c’est une tentation, c’est une potentialité.
En questionnant les souffrances dont on hérite, la violence qu’on se transmet de génération en génération, ce livre m’a profondément ému. Le poids de nos héritages, ce qu’on projette sur nos enfants m’interroge toujours beaucoup. Au fil des pages j’ai trouvé des débuts de réponses à des questions qui me hantent, une forme de respiration à ses tensions angoisses qui m’habitent. Car « L’enfant thérapeute » recèle des éclats de lumière. Il ouvre une voie au pardon et à la compréhension des adultes brisés. Il rappelle que la guérison peut advenir, que l’amour peut resurgir, que la fatalité peut se conjurer. La voie est difficile, éprouvante, semée d’embuches mais bien là.
Un livre délicat, tout en subtilité et en émotion qui est venu fouiller profondément en moi.
Les mots, l’écoute, la gentillesse, au bon moment, ils peuvent sauver. Ce sont des ronds dans l’eau, le bien peut se propager au loin. Chaque personne que nous rencontrons dans notre vie est unique et peut nous enseigner quelque chose, ne l’oublie jamais.
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