Le travaille du sexe génère fantasme et crispation. Loin des discours voyeuristes ou misérabilistes, Antonia Crane nous offre un récit émouvant car incarnée. La lire c’est repenser sa vision de la question, comprendre ce qui se joue dans ces lieux sur lesquels on détourne le regard. Antonia Crane est une battante, un femme puissante et son texte nous le prouve.

Antonia vit une enfance cabossée, auprès d’une mère qu’elle adore. Quand elle quitte sa campagne pour San Francisco elle commence a se produire comme stripteaseuse. Elle fait ce choix alors qu’elle besoin d’argent un milieu difficile et violent. Elle se raconte un texte d’une énergie folle où elle nous livre ses choix peu commun. Militante et engagée, elle nous décrit un travail qui use les corps et qui broie les femmes. Antonia assume ces actes, se bat pour qu’ils soient mieux reconnus dans la société.

Tantôt puissante, tantôt misérable, la narratrice vit des expériences extrêmes et se blesse dans un univers qui valorise autant qu’il détruit les femmes. Elle nous raconte son quotidien, ses débats intérieurs avec nuance et sans tabous. Tout le temps sur le fils et constamment en train de redéfinir ses limites, elle ne réussit jamais à quitter le monde du travail du sexe. Ses tentatives de travailler ailleurs la ramènent sans cesse aux podiums des bar à striptease.

Ce texte est aussi une déclaration d’amour à sa mère, femme malmenée par les hommes et la maladie. A travers ses mots, elle lui rend hommage et raconte le profond lien qui la relie à elle. Sous la panoplie de femme fatale, se dessine alors un être profondément sensible et touchant. Antonia se bat pour sa survie mais aussi pour celle de sa mère.

J’ai aimé ce discours nuancé sur le travail du sexe, sur le rapport au corps et à la sexualité. Elle raconte toute l’ambivalence de ces métiers-là et les pièges qui s’y trouvent. Elle nous montre sa réalité sans fantasme et assoit l’importance de son militantisme. Elle n’évite aucun sujet et évoque même des périodes compliquées de son parcours. Protéger ces femmes passe par leur reconnaître des droits.

Beaucoup d’émotions à la lecture de ce livre mais aussi en assistant à la rencontre Vleel avec l’autrice. Touchée par le charisme et l’aura d’Antonia Crane